Les travaux du COR « montrent l’ampleur des défis qui sont à relever mais ça ne permet pas de trancher les différentes options politiques » sur le financement des retraites, a estimé Bernard Thibault, mardi sur France Info. Le secrétaire général de la CGT a déclaré s’attendre à « une querelle d’interprétation des chiffres ». « Il y a toujours une part d’hypothèses sur une quarantaine d’années qui rend les calculs un petit peu aléatoires », a-t-il ajouté. M. Thibault n’a pas manqué d’ironiser sur le refus du gouvernement d’augmenter les recettes : « Pour maintenir le niveau actuel des pensions, comme le promet Nicolas Sarkozy, sans relever les prélèvements, il faudrait travailler jusqu’à 72 ans », a-t-il assuré.
Enfumage » du débat pour le Parti communiste français (PCF), « flot de mensonges » pour Lutte ouvrière (LO), « Campagne d’affolement et de conditionnement » pour le Parti de gauche, projections « peu réalistes » pour le Medef et « aléatoires » pour la CGT… Avant même d’être officiellement adopté, mercredi 14 avril, le huitième rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR), qui prévoit un déficit annuel des régimes oscillant entre 71,6 ; 102,6 et 114,4 milliards d’euros en 2050 en l’absence de réforme, ont suscité une polémique.
Financement
La présidente du Medef, Laurence Parisot, a de son côté jugé « peu réalistes » les hypothèses économiques (taux de chômage et évolution de la productivité) sur lesquelles le COR a bâti ses projections. Les « scénarios retenus par le COR, a-t-elle observé lors de sa conférence de presse mensuelle, font l’hypothèse d’un taux de chômage à l’horizon 2020-2021 (…) égal au plein-emploi, soit 4,5 %, ce que nous n’avons pas connu depuis le tout début des années 1960, ou de 7 % maximum, ce que nous n’avons jamais eu de manière pérenne ». Opposée par principe à l’alourdissement des charges pesant sur les entreprises, Mme Parisot a relevé que « le taux de cotisation, salariés plus employeurs, a doublé entre les années 1960 et aujourd’hui », passant « de 8 % à plus de 16 % » pour la vieillesse. Elle s’est demandée « s’il n’y a pas un plafond de cotisation à envisager ». Quant à l’alourdissement de la fiscalité, souvent proposé par la gauche politique ou syndicale, il apporterait, selon elle, « un bouleversement considérable » au système par répartition, financé par des cotisations liées au travail.
Dans son rapport, le COR a calculé que la somme des besoins de financement des retraites de 2006 à 2050 oscillera entre 77 % et près de 118 % du produit intérieur brut (PIB) de l’année 2050.
Jean-Luc Mélenchon, le président du Parti de gauche, a souhaité faire payer « les riches », mais sans donner plus de précisions sur ses propositions. Lundi, le porte-parole du PS, Benoît Hamon, avait défendu l’idée d’une contribution sur les revenus financiers.
Compte tenu de l’ampleur des besoins de financement des régimes, il y a fort à parier que le gouvernement devra, dans les prochaines semaines, revenir sur la question de la hausse des prélèvements. Si une augmentation générale d’un impôt ou de la CSG est écartée, une hausse ciblée de la taxation de certains revenus ou de certaines catégories de la population n’est pas exclue.
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