Personnalités


/wp-content/documents/video/sarko.flv

A 93 ans, Stéphane Hessel est le plus jeune d’entre nous par la vitalité de son engagement et sa force d’espérance. Né à Berlin en 1917, immigré en France en 1925, naturalisé en 1937, prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général de Gaulle à Londres en 1941.

Résistant, agent de liaison au BCRA, il est arrêté en France en 1944, puis déporté, notamment au camp de Dora, où il échappera de justesse à la pendaison. Diplomate à partir de 1945, ambassadeur de France, il fera de la question des droits de l’homme son combat sans partage ni relâche, comme l’illustre son ferme engagement pour la cause palestinienne.

En cette fin d’année 2010, Stéphane Hessel est unanimement célébré comme une sorte d’incarnation de l’exact contraire de cette basse époque que symbolise le sarkozysme. Reprise de son appel lancé lors de la cérémonie annuellement organisée par Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui au plateau des Glières, haut lieu de la résistance et de son martyr, l’exceptionnel succès de librairie d’Indignez-vous! est à lui seul un chaleureux signe d’espoir en cette froidure hivernale.

Ami et soutien de la première heure de Mediapart, Stéphane Hessel a volontiers accepté de présenter ses vœux d’un citoyen résistant à tous «les citoyens et citoyennes qui savent résister». L’enregistrement a eu lieu en son domicile parisien, jeudi matin 30 décembre. Qu’il en soit chaleureusement remercié. Voici donc avec un peu d’avance des vœux de résistance, en quelque sorte nos contre-vœux avant ceux que prononcera, vendredi 31 décembre 2010 au soir, un président aussi discrédité qu’inaudible. Leur texte est en-dessous de la vidéo, et tous deux sont en accès libre. N’hésitez donc pas à les faire circuler, à les envoyer à vos proches et à vos amis, à les transformer en une grande vague d’espérance face à l’inquiétude.

Mes chers compatriotes,

La première décennie de notre siècle s’achève aujourd’hui sur un échec. Un échec pénible pour la France ; un échec grave pour l’Europe ; un échec inquiétant pour la société mondiale.

Souvenez-vous des objectifs du millénaire pour le développement, proclamés en 2000 par la Conférence mondiale des Nations Unies. On se proposait de diviser par deux en quinze ans le nombre des pauvres dans le monde. A la même date, on entamait une nouvelle négociation pour mettre un terme au conflit vieux de trente ans du Proche Orient – les Palestiniens auraient droit à un Etat sous deux ans. Echec sur toute la ligne! Une plus équitable répartition entre tous des biens communs essentiels que sont l’eau, l’air la terre et la lumière? Elle a plutôt régressé, avec plus de très riches et plus de très très pauvres que jamais.

Les motifs d’indignation sont donc nombreux. Ce petit livre Indignez-vous! – qui a eu un extraordinaire succès auprès des parents, et plus encore de leurs enfants, auxquels il s’adresse –, c’est quelque chose qui me touche profondément. De quoi faut-il donc que ces jeunes s’indignent aujourd’hui? Je dirais d’abord de la complicité entre pouvoirs politiques et pouvoirs économiques et financiers. Ceux-ci bien organisés sur le plan mondial pour satisfaire la cupidité et l’avidité de quelques-uns de leurs dirigeants ; ceux-là divisés et incapables de s’entendre pour maîtriser l’économie au bénéfice des peuples, même s’ils ont à leur disposition la première organisation vraiment mondiale de l’histoire, ces Nations Unies auxquelles pourraient être confiées d’un commun accord l’autorité et les forces nécessaires pour porter remède à ce qui va mal.

Au moins nous reste-t-il une conquête démocratique essentielle, résultant de deux siècles de lutte citoyenne. Elle nous permet de revendiquer le droit de choisir pour nous diriger des femmes et des hommes ayant une vision claire et enthousiasmante de ce que la deuxième décennie qui s’ouvre demain peut et doit obtenir. Voilà la tâche que je propose à tous ceux qui m’écoutent. Qu’ils prennent appui sur les auteurs courageux qui se sont exprimés ces derniers mois, sur Susan George et son beau livre Leurs crises, nos solutions, sur Edgar Morin et son dernier tome L’Ethique, sur Claude Alphandéry et ses propositions pour une économie sociale et solidaire. Avec eux, nous savons ce qu’il est possible d’obtenir.

N’attendons pas. Résistons à un président dont les vœux ne sont plus crédibles.

Vivent les citoyens et les citoyennes qui savent résister!

Source: Médiapart

L’affaire Bettencourt était un bidonnage permettant de négocier en douce la finance et les places. Un sacré culot : quand ils ont du fric, ils se croient tout permis, et j’espère bien que les juges ne vont pas lâcher l’affaire.

L’accord est général : Patrice de Maistre, gérant des actifs de Liliane Bettencourt, est évincé de la holding familiale Téthys et il est remplacé par l’époux de Françoise Meyers, Jean-Pierre Meyers, qui en devient directeur général. Les deux enfants du couple sont nommés au conseil de surveillance de la holding. François Marie Banier garde l’essentiel des donations et avantages, la fille arrête de tarabuster la mère, et toutes les procédures prennent fin.

Les flics sont priés de retourner aux affaires courantes et les juges invités à passer à autre chose. S’il reste des récalcitrants, Paris Match publiera la photo de la famille le soir de Noël devant un sapin décoré de petits angelots.

Un double jeu parfait. D’un côté, les avocats en robe, tels des papys impénitents, s’excitent au tribunal jusqu’à la limite de la castagne, avec un représentant du barreau prêt à intervenir à côté des infirmières de la Croix Rouge. D’un autre, des experts de la négociation discutent dans le calme et alignent les chiffres.

Qu’un contentieux vif, voire virulent, se termine par une transaction, c’est presque banal. Je salue le talent des avocats qui ont su poser les termes du conflit et le résoudre si bien : du bon boulot.

Tout le problème est que les adversaires du clan n’avaient pas saisi le juge civil, instruisant eux-mêmes leur affaire, mais le juge pénal, en charge de l’intérêt général.

Une affaire pénale, et des plus importantes : s’en était suivi une bataille rangée au tribunal de grande instance de Nanterre entre le procureur la République et l’une des magistrats, présidente de la chambre correctionnelle. Un conflit amenant le procureur général à saisir la Cour de cassation, qui a dessaisi les magistrats pour transférer le dossier à l’instruction de Bordeaux. Et les flics qui ont fait un travail impressionnant comme dans toutes ces affaires financières.

La liste des infractions pénales en cours d’enquête est impressionnante : violation de la vie privée pour les écoutes, violation du secret professionnel pour l’information des journalistes, surveillance illégales des communications téléphoniques, abus de faiblesse de Banier vis-à-vis de Mamy, violences morales reprochées à la fille, financement illégal de la vie politique, trafic d’influence et blanchiment pour l’embauche de Madame Woerth et les décorations, escroquerie pour le montage financier de l’Île d’Arros, et fraude fiscale, outrage à magistrat par l’impayable Kiejman… Sans oublier la demande de mise sous tutelle.

Et hop, fin du film : « Maman et moi, on s’adore ; elle est géniale et super-gestionnaire », et tous ceux qui ont travaillé sur ces dossiers sont priés de passer à autre chose. Le clan veut imposer la fin de la séquence « justice » dès lorsque le mari de la fille est devenu gestionnaire, que les rejetons ont trouvé une place au conseil d’administration, que Banier a gardé ses sous, que de Maistre a été recasé, que Mamy garde son île et peut partir en week end sans se retrouver avec une perquisition à la maison.

Les déclarations d’hier soir, c’était assez hallucinant : le monde de la justice congédié comme un majordome un peu trop remuant. J’espère bien que la justice pénale, qui œuvre dans l’intérêt général, poursuivra son travail d’assainissement, lequel parait encore plus nécessaire depuis cet accord.

Une scène touchante : la famille Bettencourt enfin réunie

(Loup, Le prestidigitateur)

Source : http://lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr/archive/2010/12/07/bettencourt-l-art-et-la-maniere-de-manipuler-la-justice.html